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OC Transpo
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Quel avenir pour OC Transpo ?

Jessica Malutama
19 octobre 2023

Crédit visuel : Jürgen Hoth — Photographe

Article rédigé par Jessica Malutama — Journaliste

Le 26 septembre dernier, l’association Free Transit Ottawa (FTO) a organisé une manifestation pour lancer un appel à l’amélioration des services de transports en commun desservis par la Ville d’Ottawa. Selon FTO, les coupures budgétaires de la Ville d’Ottawa négligent les transports publics et cela affecte la qualité de vie des usager.ère.s. Que se passe-t-il du côté des services d’OC Transpo, et quel est l’avenir du transport en commun à Ottawa ?

Cet été, la Ville d’Ottawa a annoncé qu’elle envisageait d’augmenter les tarifs d’OC Transpo et de supprimer des itinéraires d’autobus. Elle a expliqué que cela aurait pour but de pallier un déficit budgétaire de 39 millions de dollars.

Free Transit Ottawa est un groupe militant de la région d’Ottawa pour la justice sociale, engagé dans la lutte aux changements climatiques, qui fait la promotion de services de transport en commun équitables et accessibles à tous.tes. Dans un entretien accordé à La Rotonde, Nick Grover, l’un des membres exécutifs de l’association, indique qu’avec l’arrivée du budget municipal pour l’année 2024, il était nécessaire de passer à l’action.

Réductions budgétaires et dans les services critiqués

Selon le porte-parole de FTO, la Ville d’Ottawa a fait preuve de négligence dans les dernières années en réduisant « intentionnellement sa capacité à offrir un service de qualité ». Grover constate que les coupures budgétaires effectuées par la mairie érodent la qualité des services et le taux de fréquentation de ces derniers. Il rapporte que le déficit budgétaire auquel fait face la municipalité en est un qu’elle s’est « auto-infligé » l’année dernière. De ce fait, Grover informe que le conseil municipal a autorisé ce dernier parce qu’il s’attendait à ce que les paliers de gouvernement provincial et fédéral viennent le combler, mais cela n’a pas été le cas.

Le militant pour des transports publics plus équitables rappelle que la réduction des services offerts par OC Transpo affecte la population ottavienne. L’année dernière, il fait remarquer qu’Ottawa est passée d’un effectif de 850 à 700 autobus, en se débarrassant de 117 vieux autobus. Bien qu’il reconnaisse qu’il s’agissait d’une mesure nécessaire, il souligne qu’en ne remplaçant pas ces derniers, la Ville a créé un vide sur le réseau. Il ajoute que le manque de fiabilité des transports en commun d’Ottawa décourage les usager.ère.s à les emprunter.

Ottawa s’enlise dans une « spirale de la mort »

Selon Grover, la capitale canadienne fait face à une spirale de la mort du transport en commun. Il développe qu’en effectuant des réductions dans le budget et dans les services, la municipalité vient amoindrir l’efficacité et l’accessibilité de ses transports publics. « Ottawa s’engouffre de plus en plus dans ce cercle vicieux », déplore-t-il. « Dès qu’elle observe une baisse de la demande sur le réseau, elle réduit les services et hausse les prix, et cette logique n’encourage pas les usager.ère.s à utiliser les transports en commun », enchaîne Grover.

Mériel Bruer, étudiante en études féministes et de genre à l’U d’O qui habite à Vanier, indique qu’elle rencontre souvent des problèmes avec le réseau d’OC Transpo. Selon l’étudiante, le fait que l’autobus soit souvent en retard rend difficile l’organisation des déplacements. Elle ajoute qu’il lui est déjà arrivé d’arriver en retard à des cours en raison des délais fréquents.

Réinventer les transports publics à Ottawa

Dans le cadre d’une pétition cosignée avec d’autres associations de la région, FTO a formulé des recommandations que la Ville d’Ottawa devrait suivre afin d’améliorer la qualité des services d’OC Transpo. Selon l’organisation, elle devrait s’inspirer des mesures adoptées par des villes canadiennes comme Edmonton, qui ont observé une augmentation dans leurs taux de fréquentation par rapport à 2019. Hover indique que ces métropoles ont priorisé des investissements dans des infrastructures pour les transports publics, notamment, en créant des voies réservées aux autobus et en assurant une plus grande fréquence d’autobus en dehors des heures de pointe.

L’association demande que la Ville d’Ottawa redirige les budgets d’une valeur de 50 millions de dollars alloués à l’élargissement des routes vers les transports en commun. Elle fait remarquer, d’une part, qu’en 2019, la capitale a déclaré l’urgence climatique et que, d’autre part, l’élargissement des routes ne règle pas les problèmes de congestion sur les autoroutes. Elle ajoute que la Ville pourrait récolter environ neuf millions de dollars en faisant passer de sept cents à 70 cents le supplément que les sociétés de covoiturage telles qu’Uber et Lyft doivent payer pour être exemptées de fournir des véhicules accessibles aux fauteuils roulants.

Le groupe FTO réclame aussi un processus de planification des itinéraires et des services plus démocratique qui inclut les usager.ère.s, là où, selon elle, ces derniers connaissent mieux le réseau. Enfin, l’organisation estime que la municipalité devrait rendre les transports publics gratuits pour les personnes à faible revenu, car cela « permettrait aux personnes marginalisées d’avoir un meilleur accès aux transports en commun dans la Ville ».

Il reste à voir si la mairie d’Ottawa effectuera le changement de cap souhaité par FTO dans la mise en œuvre de son budget pour l’année 2024 qui est en cours d’élaboration.

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