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Éditorial

Un nouveau cabinet prometteur pour Trudeau

Rédaction
1 novembre 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Directrice artistique

Éditorial rédigé par Miléna Frachebois – Co-rédactrice en chef

Le 26 octobre dernier, Justin Trudeau annonçait la composition de son cabinet, un mois après des élections dont l’utilité était remise en doute. Malgré tout, celles-ci n’étaient pas complètement vaines : elles ont apporté du changement, plutôt positif, au sein du cabinet.

Parité régionale, parité hommes-femmes, respect des priorités énoncées lors des élections fédérales… On dirait que le Premier ministre Justin Trudeau a tenu ses promesses. Est-ce une stratégie de popularité au lendemain d’élections impopulaires ? Un moyen pour Trudeau de laisser sa trace pour ce qui constitue probablement son dernier mandat ? Ou une réelle volonté de la part du Premier ministre de changer les choses ? Il est clair que la réponse est mixte : toutes ces raisons sont certainement entrées en jeu dans les nominations. En revanche, ce qu’on peut dire avec certitude et ce qu’on constate, c’est que les choix effectués par Trudeau sont le signe d’un changement important dans les politiques canadiennes.

Paritaire en nombre et en responsabilités 

Nous avons exactement 19 hommes et 19 femmes qui composent ce nouveau cabinet, soit l’égalité parfaite. Pourtant, ce n’est pas le nombre de femmes présentes qui suscite le plus de surprise, mais la responsabilité qui leur ont été confiées. Si lors des précédents cabinets, les femmes se voyaient attribuer des cabinets de moindre importance, ce n’est plus le cas en 2021. 

Certains ministères ont plus de pouvoir que d’autres, notamment les Finances, la Défense, les Affaires étrangères et le Conseil du Trésor, car ce sont eux qui élaborent la politique économique du pays, qui reflètent l’image internationale du pays, et qui défendent notre pays en temps de crise. Pas une, pas deux, pas trois mais bien quatre femmes occupent les sièges de ces ministères cruciaux. Chrystia Freeland est de retour à son poste de vice-première ministre et de ministre des Finances. Mélanie Joly change de poste et se retrouve aux Affaires étrangères. Mona Fortier devient Présidente du Conseil du Trésor. 

Anita Anand devient ministre de la Défense, la dernière femme ministre de la Défense remontant à 1993 avec Kim Campbell. La nomination de Anand est d’autant plus symbolique étant donné les scandales d’inconduite sexuelle au sein de l’armée et les échecs de l’ancien ministre en poste, Harjit Sajjan. Anand devra donc générer une nouvelle culture au sein de l’armée.

Ces choix sont stratégiques et forts, mais ils sont aussi importants. Ils permettent aux femmes de contribuer à façonner la politique de notre pays. Ils remettent en cause la vision patriarcale de la politique, cette vision qui veut nous faire croire que les hommes sont plus compétents ou méritants que les femmes d’être impliqués dans la politique. Il est important que des femmes soient au pouvoir pour représenter les femmes adéquatement. Mais la bataille pour la parité est loin d’être finie dans la politique canadienne, puisque seulement 30 % des député.e.s sont des femmes. Malgré le fait que cela prenne du temps, la tournure que prend la politique canadienne est saluable.

Priorités respectées

Lors de sa campagne électorale, Trudeau avait soulevé certaines questions prioritaires. Parmi celles-ci, on retrouve la crise climatique, le logement abordable et la réconciliation autochtone. Ces priorités sont de tailles pour les Canadien.ne.s qui attendent depuis trop longtemps des solutions viables. Elles sont bel et bien à l’agenda comme on peut le voir dans la composition du cabinet.

Steven Guilbeault prend en charge le dossier Environnement et Changement climatique. Ancien directeur et responsable de campagne chez Greenpeace, la nomination de Guilbeault annonce un message clair : l’environnement devient une priorité du pays. Attention cependant que le gouvernement ne se morde pas les doigts : avec un personnage aussi important, celui-ci n’a plus le droit à l’erreur.

Le logement abordable a été un des points mentionné lors de la campagne électorale de Trudeau. Bien que cette crise existait avant la pandémie, elle a été exacerbée ces deux dernières années avec le prix moyen des maisons qui ne cesse d’augmenter. Selon l’Association canadienne de l’Immeuble (ACI), le prix moyen des propriétés vendues a augmenté de 14 % par rapport à octobre dernier. C’est pourquoi la nomination d’Ahmed Hussen au nouveau ministère Logement et Diversité et Inclusion tombe à pique. Karina Gould, ministre des Familles, Enfants et Développement social, travaillera de pair avec Hussen pour lutter contre l’inflation et aider les personnes les plus vulnérables. Maintenant, il faut agir.

À la suite des découvertes macabres de cette année, il était important de traiter la réconciliation autochtone. Patty Hajdu, ministre des Services aux autochtones, et Marc Miller, ministre des Relations Couronnes-Autochtones, sont chargé.e.s de cet enjeu. Même si les deux ministres ne sont pas Autochtones, ils.elles ont été impliqué.e.s dans les communautés et connaissent les enjeux. Même le grand chef de la nation Nishnawbe Aski, Derek Fox se réjouit de la nomination de Hajdu.

Un nouveau ministère fait son apparition, Santé mentale et Dépendances. Ce geste en dit beaucoup sur les nouvelles priorités du gouvernement. Si la santé mentale n’était que peu considérée il y a quelques années, elle est enfin reconnue comme une nécessité, qui plus est en temps de pandémie. La ministre Carolyn Bennett a du pain sur la planche et devra travailler fort, même si elle ne faisait pas l’unanimité sur les dossiers autochtones. Reste à voir si elle pourra faire mieux et si des actions concrètes seront mises en place pour rendre accessibles les services de santé mentale.

Francophonie et représentation régionale

Les francophones sont-ils présent.e.s afin de représenter adéquatement notre pays bilingue ? Ces interrogations s’alignent avec la question des représentations régionales. Il est certain qu’on peut toujours faire mieux, avec 100 % de représentant.e.s bilingues.

Même si cela n’est pas le cas, et qu’environ seulement 50 % des ministres sont francophones, on voit du progrès. Déjà simplement dans le sens où plus de ministres parlent français, mais aussi parce qu’ils.elles reflètent plus ou moins la diversité francophone du pays. Nous comptons cinq ministres francophones minoritaires. 

Ginette Petitpas Taylor et Dominic LeBlanc, deux Acadien.ne.s, représentent les francophones des maritimes. Petitpas Taylor succède à Mélanie Joly et occupe le poste de ministre des Langues officielles. Quant à LeBlanc, il est chargé des Affaires intergouvernementales, de l’infrastructure et des Collectivités. Dan Vandal, Franco-Manitobain, se charge des Affaires du Nord. Le Franco-Albertain Randy Boissonnault s’occupe du Tourisme et devient ministre associé des Finances. Finalement, Mona Fortier, Franco-Ontarienne et Ottavienne, est à la tête d’un des ministères les plus importants. Une seule Franco-Ontarienne sur tout le cabinet, ce n’est bien entendu pas assez pour représenter la région ; on peut toujours espérer mieux. 

Le Premier ministre doit concilier francophonie et représentation régionale, ce qui complique l’optimisation de la francophonie minoritaire. En attendant, ces nominations nous font exister un peu plus, nous, les francophones minoritaires. Nous ne pouvons qu’encourager ceci à continuer et à se développer au cours des années à venir.

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