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Sports et bien-être

Accepter et traverser les deuils au cours de sa vie

Lucy Malaizé
5 février 2024

Crédit visuel : Johannes Plenio Pexels

Article rédigé par Lucy Malaizé — Cheffe du pupitre Sports et bien-être

À l’occasion de la Semaine du mieux-être à l’Université d’Ottawa (l’U d’O) qui avait lieu du 22 au 26 janvier, le Salon du mieux-être a proposé un atelier de réflexion autour de la question du deuil intitulé « Comprendre le deuil, naviguer la perte et le changement ». Deux psychothérapeutes se sont exprimé.e.s sur la question aux fins d’élargir la définition du deuil et de prôner l’acceptation et la bienveillance envers les diverses réactions des individus endeuillés. 

Qu’est-ce que le deuil ? 

Pour Isabelle Hodak et Pierre Bercy, psychothérapeutes au Centre de santé et de mieux-être étudiant de l’U d’O, le terme générique de « deuil » renvoie à l’expérience d’une perte. « Le deuil n’est pas une maladie, mais une transition humaine normale », rappellent les deux conseiller.ère.s en santé mentale.

Hodak et Bercy ajoutent qu’au-delà du décès d’un être cher, un deuil peut aussi inclure tout évènement impliquant une transition de vie telles qu’une maladie, un déménagement, ou encore une peine d’amour. « Le deuil n’est pas forcément lié au décès d’un être cher, c’est un cas de grosse blessure », rapporte Hodak. 

Quelles émotions peuvent être engagées ?

Pour les deux psychothérapeutes, il est important de défaire certains mythes courants et de rappeler que beaucoup d’émotions, parfois contradictoires, peuvent accompagner un deuil. Le deuil est une « expérience unique et personnelle, même si quelques expériences et symptômes peuvent être communs », insistent les deux psychothérapeutes. Tous.tes deux précisent que le deuil se vit personnellement, et qu’il est important de ne pas se comparer ou de se juger par rapport aux autres ou à des normes établies. Bercy rappelle que l’on n’arrive pas « à la fin de son deuil. » « Il n’y a pas de temps déterminé, juste des sentiments qui évoluent », confirme le psychothérapeute. 

Les deux spécialistes ont recours au Modèle du deuil de Tonkin pour décrire l’évolution du deuil dans le temps. « Ce n’est pas le deuil qui diminue, mais le choc du deuil », explique-t-elle. « Le fait d’avoir de nouvelles perspectives sur la manière de vivre le décès ne signifie pas “être passé à autre chose” », conclut-elle.

Par ailleurs, Bercy indique que les différentes émotions que vivent les personnes endeuillées ne s’organisent pas en stades linéaires comme on pourrait l’imaginer. « Après un décès, il est courant d’avoir une vision de comment les états sont supposés se succéder : déni, colère, dépression, puis acceptation […]. Ces différents états peuvent se mélanger, ne pas avoir lieu dans ce sens-là ou certaines émotions peuvent ne pas avoir lieu du tout, et ce n’est pas un problème », affirme-t-il. 

Hodak et Bercy soulignent que toutes ces émotions sont légitimes et sont à accueillir avec bienveillance. « Si les émotions sont bloquées, par exemple, il faut accueillir avec empathie le blocage et reconnaître qu’en ce moment, on en est là et que cela ne pose pas de problème », renchérit Bercy. Hodak rappelle que le cerveau nous protège et que ressentir des émotions peut prendre du temps, dépendamment des personnalités et des circonstances. Bercy insiste qu’il est possible de se préparer au déblocage qui peut se faire très tard, sans se juger par rapport à quand ni comment l’émotion n’est survenue. 

Comment accueillir et gérer ses émotions ? 

Pour vivre au mieux ces émotions, les deux conseiller.ère.s en santé mentale proposent aux étudiant.e.s concerné.e.s de se construire une boîte à outils pour se soutenir dans leur processus de deuil. L’idée, selon eux.elles, est d’associer à chaque catégorie d’émotions, certaines activités de bien-être telles que des activités physiques, de relaxation, de spiritualité, ou de soutien social. Hodak poursuit qu’il peut être utile, lors d’une transition de vie déstabilisante, de créer des routines de régulation émotionnelle comme prendre l’habitude d’écrire ses pensées dans un journal.

D’autre part, la psychothérapeute rappelle que trouver des personnes qui ont une expérience commune et qui partagent cette réalité peut offrir une aide supplémentaire. Elle recommande également d’essayer de se focaliser sur l’héritage que laisse la personne qui est décédée. Hodak suggère de se poser des questions telles que : « Qu’est-ce que je veux faire en sa mémoire ? Qu’est-ce que cette personne m’a apporté ? Quelles qualités et valeurs cette personne me laisse-t-elle ? »

Pour Bercy, un décès est aussi une épreuve qui permet de travailler la compassion envers soi-même. « Il faut parfois se rappeler qu’on a fait du mieux qu’on pouvait avec ce qu’on avait sur le moment », détaille-t-il. Bercy enchaine que le deuil nous apprend à être plus alerte avec ceux.celles qui sont encore là. Il propose également d’envisager que le courage de traverser un décès nous est donné par la personne décédée. 

Le Centre de santé et de mieux-être étudiant dispose de ressources de soutien en cas d’expérience similaire, tels que le counselling ou l’aide administrative. D’autres ressources sont disponibles à Ottawa telles que l’organisme Familles endeuillées de l’Ontario ainsi que plusieurs lignes de crise

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