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Éditorial

Pour faire respecter tes droits, voter tu devras !

Rédaction
22 mars 2021

Crédit visuel : Valérie Soares – Photographe

Éditorial rédigé par Caroline Fabre – Rédactrice en chef

Alors que l’obtention du droit de vote pour tou.te.s a résulté d’un long processus acharné, il existe un réel déclin de la participation électorale dans nos institutions. Les élections géné­rales du Syndi­cat Étudiant de l’Uni­ver­sité d’Ot­tawa (SÉUO), qui se dérouleront du 24 au 27 mars, offrent l’occasion de repenser à l’importance accordée à la voix étudiante, à ses droits et à sa représentation. Si représentation adéquate il y a, bien évidemment.

Ces derniers mois l’ont prouvé, les jeunes savent se mobiliser et militer quand leurs droits ou leurs intérêts se retrouvent menacés. C’est par le biais de pétitions que le SÉUO, qui a pour mission « d’établir une représentation adéquate et une gouvernance judicieuse au sein de la population étudiante de l’Université d’Ottawa (U d’O) » a su faire entendre la voix de la communauté étudiante, souvent ignorée ou oubliée par l’établissement. 

En « ce début du XXIe siècle, le monde occidental fait face […] à une double crise politique : crise de la représentation, d’une part, crise de la participation, d’autre part », écrivaient Bernard Fournier et Min Reuchamps dans la revue Représentation et participation politiques. Et ce phénomène ne semble malheureusement pas être cantonné au domaine de la politique ; à la veille de ses élections générales, il existe un véritable désintérêt pour le Syndicat. Or, qui dit manque d’intérêt dit mauvaise représentativité, et donc, dangerosité.

Apathie étudiante

Fondé en septembre 2018, après avoir remporté la majorité des voix lors du referendum concernant la création d’une nouvelle association étudiante, le Syndicat a donné suite à la Fédé­ra­tion étudiante de l’Uni­ver­sité d’Ot­tawa, impliquée dans un scandale. L’association semblait donc avoir de solides bases pour gagner le cœur des étudiant.e.s de l’U d’O. Alors pourquoi un tel désintérêt à son égard ? 

Rappelons que seuls 16 % des électeur.rice.s éligibles avaient parti­cipé.e.s aux élections générales l’an passé. En comparaison, près de 5000 étudiant.e.s avaient signé, en automne 2020, la péti­tion demandant la mise en place de mesures concrètes concernant l’en­sei­gne­ment virtuel. Si ce nombre de signatures peut sembler faible puisque l’U d’O comptabilisait alors près de 37 500 étudiant.e.s, il était pourtant plus important que le nombre de participant.e.s lors des dernières élections générales du SÉUO. Inquiétant, pas vrai ? Si les étudiant.e.s étaient donc au rendez-vous pour défendre leurs intérêts, pourquoi ne le sont-ils.elles plus lorsque le Syndicat s’en charge pour eux.elles ? 

Peut-être est-ce parce que les étudiant.e.s ne connaissent pas son existence et ses fonctions ? Être un Gee-Gee pendant la pandémie, ça ne veut pas dire grand-chose, surtout pour celles et ceux qui sont dans leurs premières années, et qui n’ont peu, voire pas, connu l’expérience universitaire « normale ». Comment se sentir représenté.e et concerné.e à travers son écran, alors que le campus nous est totalement étranger ? Réduit à quelques courriels de temps en temps, le SÉUO aurait dû et pu fournir un effort de promotion de ses événements, afin de non seulement signaler son existence, mais d’aussi former un esprit de cohésion et pallier cette déconnexion.

Avant la COVID-19, les candidat.e.s pouvaient annoncer leurs candidatures en classe, placarder des affiches sur les murs, ou proposer des événements sur le campus. Créer un compte Facebook, Twitter ou Instagram ne suffit pas, et il s’avère bien plus compliqué de joindre des gens à l’extérieur de son cercle d’ami.e.s et de connaissances durant une pandémie.

Est-ce plutôt à cause du sentiment d’impuissance éprouvé par la communauté estudiantine, qui ne se sent pas bien représentée, et ne pense pas avoir de voix ? Il est vrai que les grands accomplissements du Syndicat ont été assez minimes. Certes, le système de nota­tion option­nel satis­fai­sant ou non satis­fai­sant a été mis en place lors de la session passée. Mais depuis 2018, c’est un peu léger, vous en conviendrez.  

Ou est-ce parce que les étudiant.e.s ne font pas confiance à leur syndicat ? Les multiples partages accidentels des données de la Banque alimen­taire du SÉUO, révélant les infor­ma­tions privées de 111 étudiant.e.s, n’ont pas aidé à développer la cohésion entre les deux groupes. 

Choix complexes ?

Ce détachement de la politique étudiante se traduit par un faible taux de participation aux élections, à la fois lors du processus de vote, mais surtout, au niveau de la représentativité parmi les candidat.e.s. Sur les sept postes vacants composant le Comité Exécutif du SÉUO, sept candidat.e.s se sont présenté.e.s pour un poste, et seul le poste de Commissaire aux opérations comporte plus d’un.e candidat.e. Difficile d’organiser un débat contre soi-même.

Le vote et l’élection s’effectueront majoritairement par défaut. Est-ce donc vraiment une élection, si le choix des candidat.e.s est réduit à un oui ou à un non ? Et, bien que les chiffres officiels ne soient pas encore disponibles concernant cette session, seules sept candidatures pour représenter tout.e.s les étudiant.e.s, sur près de 37 500 éligibles, ce n’est tout de même pas beaucoup. Car ce n’est pas parce qu’un.e candidat.e est seul.e à se présenter qu’il.elle doit automatiquement être élu.e.

Le poste de Commissaire à l’équité n’a, pour sa part, reçu aucune candidature. Il faudra donc attendre les élections partielles d’octobre pour espérer le voir comblé. Or, la mission du poste est plus que jamais nécessaire, puisque son.sa repérant.e veille à assurer la défense des groupes margi­na­li­sés sur le campus et lutte contre la discri­mi­na­tion et le racisme. Faudra-t-il attendre le mois d’octobre pour garantir un environnement inclusif pour tou.te.s ?

En ces temps compliqués, la défense des intérêts étudiants est plus que jamais nécessaire ; le Syndicat se doit de représenter les étudiant.e.s et leurs droits. Un si faible taux de candidatures est alarmant, principalement parce qu’il implique une moins bonne représentation des droits étudiants, et donc une certaine perte des valeurs démocratiques. Car, ce sont les droits mêmes des étudiant.e.s qui en pâtiront. 

Mauvaise organisation

Peu de promotion a été effectuée au sujet des élections. Comment espérer un taux supérieur de participation aux élections si la plupart des étudiant.e.s ne sont même pas au courant qu’il y en a ? 

Le Syndicat n’avait pas de préposé.e à la communication, et quelques courriels par-ci, quelques promotions sur les réseaux sociaux par-là, un événement de temps en temps : ça ne suffit pas. Des actions concrètes, des événements récurrents, et une présence accrue permettraient de sensibiliser davantage à son existence. Une totale transparence sur son mandat, ses échecs et ses réussites permettrait également à la population étudiante de se rendre compte des actions du Syndicat.

Si les étudiant.e.s ne se sentent pas concerné.e.s, et prennent le parti de ne pas voter, il ne faudra pas venir se plaindre par la suite. Ne pas voter, c’est risquer d’élire quelqu’un.e dont les principes ne correspondent pas aux nôtres. L’action du Syndicat est primordiale pour contribuer à une atmosphère de vie saine, inclusive et progressive pour tou.te.s sur le campus.

Il est plus que jamais nécessaire de se renseigner sur les élections, et de voter en pleine connaissance de cause. Les voix, les opinions de chacun.e.s comptent. Voter pour une pétition, c’est bien ; voter pour celles et ceux qui vont représenter une année de revendication et de militantisme étudiant, c’est mieux.

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