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Marché By
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Le marché By, un patrimoine bilingue ?

Hai Huong Le Vu
31 octobre 2023

Crédit visuel : Jürgen Hoth — Photographe

Article rédigé par Hai Huong Le Vu — Journaliste

Au cœur du centre-ville d’Ottawa demeure le marché By, un patrimoine historique et économique de la capitale. Fondé en 1826 par John By, ce quartier accueille aujourd’hui en moyenne 50 000 visiteur.euse.s chaque fin de semaine estivale grâce à sa popularité et aux services qu’il offre. Or, qu’en est-il du bilinguisme à cet endroit ? La Rotonde s’est penchée sur la question.

À la suite de la modernisation de la Loi de 1999 sur les services en français à Ottawa, la Loi de 2017 a encouragé la ville d’Ottawa à renforcer la scène du bilinguisme au sein de la ville. Valentina Perez Montoya, coordinatrice de marché, de communication et d’évènements à l’Autorité du district du marché By, exprime que « [ses] amis au magasin “Canada dans un panier” ont une entreprise bilingue », ce qui, selon elle, met en évidence l’engagement du marché envers cette cause.

Un lieu qui cultive le bilinguisme

D’après Montoya, le marché est un environnement bilingue accueillant. « Si vous observez les panneaux des locataires dans la halle du marché, vous remarquerez qu’un côté est en anglais et l’autre en français », explique-t-elle. Il s’agit même d’une des contributions de la coordinatrice envers l’amélioration de la scène bilingue au marché. Son objectif a été de faciliter la recherche d’entreprises pour les francophones et les anglophones.

Elle poursuit en évoquant la modification d’une horloge dorée devant le bâtiment du marché en réponse à « une plainte relative à la Loi sur les langues officielles déposée auprès de la ville d’Ottawa ». En effet, les lettres entourant ce monument, indiquant « ByWard Market », ont été retirées en raison de l’absence du bilinguisme.

Promouvoir la francophonie au marché

En ce qui concerne le nombre d’entreprises bilingues, Montoya admet « qu’il est très faible ». Cette dernière souligne que la majorité des entreprises présentes au marché By excellent dans l’une des deux langues officielles du Canada, sans tenir compte d’autres langues telles que l’arabe et le bengali, qui sont des langues maternelles de certain.e.s locataires. Selon elle, le marché est divisé en deux catégories : soit une entreprise parle couramment le français, soit elle est anglophone. Elle affirme qu’il s’agit d’un équilibre linguistique de « 50-50 ».

Afin de promouvoir davantage le bilinguisme au marché By, Montoya propose de lancer une stratégie axée sur les ressources humaines, qu’elle décrit comme « un excellent point de départ ». Selon elle, un changement du processus de recrutement au sein de l’Autorité du district du marché By et dans les entreprises du quartier permettra d’embaucher davantage d’employé.e.s bilingues.

La coordinatrice en communication et en évènements suggère également de recevoir un financement afin d’améliorer cet enjeu. Celui-ci pourrait provenir des autorités municipales, voire fédérales. Selon elle, une telle initiative « pourrait sensibiliser l’importance de la langue française dans l’ensemble du quartier ».

Un combat sans cesse

Afin de travailler sur la question du bilinguisme au marché By, de nombreuses initiatives ont été mises en place dans le passé, telles que celle de Dialogue Canada. En 2021, ce dernier a organisé avec des acteur.ice.s clés un projet intitulé « Mobilisation pour le bilinguisme au marché By ». Selon Amélie Neault, coordonnatrice à l’administration de l’organisation de l’Atelier d’innovation sociale Mauril-Bélanger, celui-ci a bénéficié d’un soutien financier, qu’elle qualifie de « petite » subvention. De même, elle souligne l’importance de questionner, voire changer le système d’allocation des subventions, qui revient à la proposition de Montoya. « Les petits organismes à but non lucratif sont les bénéficiaires [des subventions], mais sont soumis à des conditions qui ne favorisent pas un changement social durable », confesse-t-elle.

L’Atelier d’innovation sociale Mauril-Bélanger, est un organisme qui revendique la justice et la transformation de la société, il reconnaît « qu’il est important de défendre et de faire valoir les droits des francophones qui sont une minorité linguistique à Ottawa et en Ontario », affirme Neault. Elle poursuit en dénonçant des « systèmes d’oppression existants dans nos sociétés », lesquels empêchent le développement du bilinguisme au sein de la province ontarienne.

Montoya souligne que « les discussions sur les langues minoritaires vont au-delà de l’utilisation du français ». Elle met en avant l’inclusion des communautés autochtones, tout comme celles qui sont hispanophones, sinophones ou arabophones, au sein de ce site. Cette dernière met l’accent, par exemple, sur Adaawewigamig, l’unique entreprise autochtone au marché By, ou encore le festival du Jour des morts, d’origine mexicaine. Pour elle, le marché s’occupe davantage de la diversité culturelle et linguistique, plutôt que de l’intégration de la francophonie dans ce quartier ou dans le bâtiment principal du marché By.

Du 24 novembre au 24 décembre, l’Autorité du district du marché By organisera la vente annuelle d’arbres et de décorations de Noël sur la rue York. Cet évènement fournira un service bilingue, notamment grâce aux vendeur.euse.s d’arbres d’origine francophone.

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