Crédit visuel : Dawson Couture — Co-rédacteur en chef
Article rédigé par Chaymaa Dinouri — Journaliste
La 9éme édition de la Coupe du monde féminine de la FIFA a débuté le 20 juillet 2023. C’est l’occasion pour les meilleures équipes féminines au monde de montrer leurs forces et de s’affronter pour la victoire. Il faut se demander, cependant, en regardant les matchs, si l’engouement est similaire à celui provoqué par la Coupe du monde masculine l’hiver dernier.
Quelques détails sur le tournoi
Cette année, de nouvelles équipes sont apparues sur le terrain. Le Maroc est la première nation nord-africaine et arabe à atteindre ce stade de la compétition. La première joueuse à participer avec son hijab à la Coupe du monde féminine, Nouhaila Benzina, fait aussi partie de l’équipe marocaine. Ce tournoi connaît aussi la première palestinienne portant son hijab à arbitrer une compétition mondiale.
Comme le rapporte le New York Times, le Maroc a affronté une des équipes favorites du tournoi, l’Allemagne. Le match s’est conclu par un résultat de 6-0 en faveur de l’Allemagne. Un coup dur, mais selon les partages sur les réseaux sociaux, les supporter.ice.s marocain.e.s n’ont pas semblé découragés et ont maintenu leur soutien à l’équipe.
L’équipe canadienne a prouvé son talent lors des Jeux olympiques, en remportant la médaille d’or en 2021. Une ancienne joueuse des Gee-Gees, Katerine Delev, a confié qu’étant donné ces précédentes réalisations, elle avait de hautes attentes envers l’équipe canadienne. L’équipe a justement remporté son dernier match contre l’Irlande, et cela malgré le premier point marqué par l’équipe adverse pendant les trois premières minutes. Lors d’un entretien après la rencontre, une des joueuses de l’équipe, Jessie Fleming, a toutefois affirmé que ce n’était pas leur plus belle performance.
Le public croit en son équipe
Noah Guttmann, étudiant.e en science politique, est passionné.e par le sport et par le soccer plus particulièrement, car il s’agit du premier sport qu’il a pratiqué. Selon lui, le jeu de l’équipe canadienne n’était pas très bon, compte tenu du niveau des équipes adverses. « Oui, deux buts vont suffire contre des équipes comme l’Irlande, ou la Norvège. Mais, cela ne fera pas la différence face à quatre ou six buts des équipes comme les Pays-Bas et les États-Unis sont habitués à marquer souvent », a-t-il affirmé.
Guttmann pensait que l’équipe canadienne aurait pu remporter le tournoi. L’équipe compte de jeunes joueuses, ainsi qu’une des meilleures buteuses de l’histoire, Christine Sinclair, une athlète impressionnante, comme l’a indiqué Delev. Pour Guttman, « si on ne fait rien dans cette Coupe, ce sera un échec ». Il ne faut pas seulement profiter des opportunités pour marquer, mais aussi créer des opportunités en profitant de toutes les petites erreurs de l’équipe adverse, a-t-il enchaîné.
Delev a déclaré que « tout peut arriver dans cette Coupe du monde », en réaction au match nul contre le Nigéria, et ensuite la victoire surprenante du Nigéria contre l’Australie. « Ce serait le fun de gagner au moins une médaille », a-t-elle constaté. Elle devra cependant attendre quatre ans pour cette possibilité après la défaite des femmes en rouge contre les co-animatrices de la compétition, les Australiennes.
Progrès du football féminin
Guttmann affirme que le soccer féminin vit un progrès dans le monde entier. La qualification de l’équipe marocaine cette année n’est qu’un exemple. En réaction à l’histoire de l’équipe marocaine publiée par le New York Times, Guttmann en déduit qu’un seul « petit groupe de femmes » peut faire une différence dans le sport.
Delev remarque, toutefois, la différence importante entre l’intérêt porté à cette compétition et à la coupe masculine. Elle insiste que plusieurs personnes ont pris leurs après-midis pour aller regarder les matchs des hommes, alors qu’à son travail peu de personnes savaient que la compétition féminine avait même commencé.
« Les femmes jouent aussi au soccer. On ne devrait pas seulement se concentrer sur la Coupe du monde masculine », déclare Guttman. Ce dernier déclare que l’équipe féminine a seulement besoin des ressources nécessaires pour bien se développer. D’autres pays comme l’Australie investissent beaucoup dans leurs équipes féminines, ajoute-t-il. Guttman conclut qu’en suivant les nouvelles équipes, nous pouvons convaincre la jeune génération de soutenir et suivre les matchs.
Que faut-il changer ?
Le soccer masculin est plus regardé que le soccer féminin. C’est une vérité qui apparaît simplement en passant dans le bâtiment Jock Turcot à l’Université d’Ottawa lors d’un des matchs de la coupe féminine. Une ou deux personnes à peine sont assises pour regarder le match que la Maison internationale affiche sur le grand écran au Centre universitaire.
Différentes raisons pourraient expliquer le manque d’intérêts des étudiant.e.s envers la coupe féminine, y compris le manque de promotion, un point soulevé par Guttmann. Selon lui, il n’y a pas suffisamment de publicité concernant cette compétition. Il ajoute que le problème du décalage horaire entre l’Australie et le Canada pourrait avoir un impact important. Il mentionne que le manque de chaînes sportives qui jouent les matchs au Canada rend l’événement encore moins accessible.
Delev souligne que les femmes ont un devoir de se soutenir entre elles et que les hommes, pour leur part, devraient aussi soutenir l’équipe féminine canadienne, ne serait-ce que pour encourager leur pays. En plus de cela, l’ancienne joueuse Gee-Gees soutient que cette coupe va au-delà du soccer, du sport, en touchant notamment à l’égalité entre les sexes.
S’il y a un manque de visibilité pour la coupe féminine, il s’agit d’un cercle vicieux selon les sources. Ils remarquent que le manque de promotion semble être causé par l’absence de spectateur.ice.s, et le manque de spectateur.ice.s est à son tour causé par le manque de médiatisation. Bien que le nombre de téléspectateur.ice.s augmente chaque année, il reste à observer si ce nombre atteindra bientôt le record des hommes.