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Retour sur l’élection provinciale avec la députée d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard

Dawson Couture
16 juin 2022

Crédit visuel : Lucille Collard – Courtoisie

Entrevue réalisée par Dawson Couture – Journaliste

Suite à sa réélection le 2 juin dernier, la députée provinciale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard, s’est entretenue avec La Rotonde. L’ancienne conseillère scolaire, fière Franco-Ontarienne et mère de quatre enfants, s’est exprimée sur son parcours politique, le mandat qui lui a été confié et le futur du Parti libéral ontarien.

La Rotonde (LR) : Quelles sont les motivations responsables de votre entrée en politique et de votre choix de vous représenter aux dernières élections provinciales ontariennes ?

Lucille Collard (LC) : Mon engagement politique provient de mon expérience en éducation. Avant de devenir députée, j’ai été conseillère scolaire et présidente du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario. J’ai assumé ce rôle de leadership à la demande de parents qui me percevaient comme une leader. C’est surtout avec le lancement de l’école pilote francophone de pédagogie différenciée Trille des Bois, en 2003, que j’ai pu apprendre à connaître et soutenir le système d’éducation ontarien.

Les coupures de Doug Ford en 2018, surtout dans le domaine de l’éducation et des langues officielles, m’ont motivé à aller à Queen’s Park. Je me suis présentée comme candidate provinciale pour Ottawa-Vanier en 2018, mais ce n’est qu’en 2020 que j’ai été élue lors d’une élection partielle. J’ai commencé mon mandat en tout début de pandémie. Je me suis rapidement questionnée sur les solutions pour rejoindre mes électeur.rice.s et me rendre disponible. J’ai décidé de contacter les conseiller.ère.s municipaux.ales de la région et la députée fédérale, Mona Fortier, pour assurer une collaboration plus étroite entre les différents paliers de gouvernement.

LR : Quelles valeurs personnelles tenez-vous à défendre dans la sphère politique ?

LC : La collaboration, l’inclusion et l’innovation. D’abord, en travaillant ensemble à tous les niveaux, on peut partager des ressources et du savoir-faire pour accomplir des objectifs communs. Surtout en ce qui a trait à la collaboration entre partis, je crois fermement à une politique positive qui promeut l’écoute et le respect de tous et de toutes. 

Ensuite, l’inclusion est clé. Malgré les pénuries de main-d’œuvre et les hautes qualifications des immigrant.e.s dans notre province, ceux.celles-ci rencontrent toujours des obstacles au marché du travail. C’est aussi faire valoir le respect des différences culturelles et cela commence par l’éducation. C’est pour cela que j’ai déposé un projet de loi visant à inculquer un apprentissage du colonialisme et de son impact sur les peuples racisés du Canada à tous les niveaux scolaires.

Finalement, si on répète les mêmes méthodes, on aura toujours les mêmes résultats. Si on veut des résultats différents, il faut innover. 

LR : Selon vous, pourquoi les électeur.rice.s d’Ottawa-Vanier ont choisi de vous réélire le 2 juin dernier ?

LC : Ceux et celles avec qui j’ai parlé ont exprimé leur satisfaction quant à mon travail, ma présence dans la communauté et la représentation que je fais de leurs voix à Queen’s Park. Bien évidemment, il y a des gens dans la circonscription qui ont des valeurs libérales ancrées depuis longtemps. Cependant, ils.elles ont remarqué mon habileté à collaborer et écouter les besoins des personnes.

Je ressens une responsabilité additionnelle de représenter les Franco-Ontarien.ne.s en raison de leur faible nombre à Queen’s Park. Ils.elles ont besoin d’une voix au niveau provincial afin de promouvoir et défendre leurs droits. Bien évidemment, à Vanier, nous avons une grande concentration de francophones, mais nous sommes toujours dans une situation minoritaire. C’est extrêmement important de ne pas laisser la francophonie décliner, surtout après l’élimination du Commissariat des services en français sous le premier mandat de Ford. 

Avoir pu faire passer une motion avec consentement unanime pour que le drapeau franco-ontarien flotte à l’Assemblée législative est un symbole très fort qui a un impact plus prononcé qu’on le penserait. C’est un rappel quotidien à tous.tes les député.e.s que les Franco-Ontarien.ne.s ont leur place, qu’ils.elles contribuent grandement à la vie de la province et que l’on se doit de respecter leurs droits. 

LR : Doug Ford et le Parti progressiste-conservateur de l’Ontario ont souvent été accusés d’écarter les besoins des Franco-Ontarien.ne.s. Qu’allez-vous faire pour protéger la francophonie et le bilinguisme en Ontario ?

LC : Il va falloir travailler avec le gouvernement. On doit s’assurer que la Loi sur les services en français, ayant été modernisée l’an dernier, soit effectivement mise en œuvre pour atteindre ses objectifs. Je veux atteindre la communauté immigrante francophone pour alléger le fardeau de trouver un emploi, tout en comblant les pénuries de ressources humaines. Il faut aussi s’assurer d’avoir une stratégie pour élargir l’accès à  l’éducation en français. 

Je vais faire de mon mieux pour rappeler le gouvernement à ses obligations concernant la francophonie et notamment vis-à-vis de la disponibilité des écoles à travers la province. On sait que lorsqu’il n’y a pas d’écoles francophones à proximité, les gens sont obligés de s’instruire en anglais et de s’assimiler, ou de quitter la région. C’est pour cela que nous soutenons l’Université de Sudbury par et pour les francophones. 

LR : Avec l’inflation, le coût élevé du logement et l’augmentation des frais de scolarité, la vie devient de plus en plus inabordable pour les étudiant.e.s de la région de la capitale nationale. Comment prévoyez-vous collaborer avec le gouvernement pour remédier à cette situation ?

LC : Je suis prête à collaborer avec le gouvernement, j’ai juste besoin qu’il le soit aussi. C’est la responsabilité de la province de défendre le droit à l’éducation des étudiant.e.s. Le coût élevé de la vie risque de les obliger à abandonner leurs études. Pour ceux.celles qui sont vraiment dans le besoin, on devrait aller un pas plus loin et rendre l’éducation postsecondaire gratuite. Personne ne devrait manquer cette opportunité en raison de sa situation socio-économique. Non seulement on se fait du tort en temps que société, mais on perpétue aussi le statut de pauvreté intergénérationnel. 

Au niveau du logement, la création de résidences universitaires abordables pour les étudiant.e.s dans le besoin devrait être une priorité. Nous pouvons travailler avec les universités afin d’achever ce projet, mais elles auront besoin de l’appui financier du gouvernement.

Les étudiant.e.s doivent aussi être capable de se nourrir. C’est pour cela que je soutiens la création d’épiceries plus abordables. C’est possible, mais il faut un gouvernement qui a la volonté de le faire et d’investir là où il y en a besoin.

LR : Suite à votre victoire jeudi, vous avez affirmé qu’il était temps pour le Parti libéral de réfléchir et de trouver une façon d’aller de l’avant après ses résultats provinciaux. Selon vous, à quoi ressemble l’avenir du Parti libéral ontarien ?

LC : Cela doit commencer avec une discussion honnête. Il faut d’abord réaliser que la proportion de votes n’est pas reflétée par le nombre de sièges. Nous avons reçu plus de votes que les néo-démocrates, mais on se trouve avec quatre fois moins de sièges. La refonte du système électoral est donc nécessaire pour assurer une représentation de la volonté populaire. 

La plateforme libérale était excellente, alors il faut trouver ce qui n’a pas fonctionné et comprendre pourquoi les gens ne sont pas sortis voter. Le taux d’abstention était historique. Le fait que les personnes se désintéressent autant d’élire des individus qui vont les représenter et adopter des politiques ayant un impact direct sur leur vie est incompréhensible. J’ai ressenti beaucoup de cynisme par rapport à la politique auprès des gens durant ma campagne. Ils.elles ne croient plus que les politicien.ne.s sont là pour les représenter et apporter des changements positifs. Nous avons besoin de redéfinir la façon dont on se présente aux électeur.rice.s.

 

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