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Éditorial

Chère année 2021, exauce nos souhaits

Rédaction
11 janvier 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail — Directrice artistique

Éditorial rédigé par Caroline Fabre — Rédactrice en chef

Alors que 2021 a pointé le bout de son nez il y a une dizaine de jours déjà, l’heure des résolutions a sonné. Prises à chaque début d’année pour envisager le futur de manière positive, elles permettent de faire le point sur la situation actuelle, et surtout, de se remettre en question. Voici donc une liste, bien trop utopique soyons honnêtes, de ce dont La Rotonde rêve pour cette nouvelle année.

À chaque début d’année, le commun des mortels se force à adopter des résolutions qui pourraient éclairer ces douze mois à venir. Résolutions trop souvent abandonnées ou oubliées, quelques mois voire semaines après. Mais après avoir été enfermé.e.s une majeure partie de 2020, pourquoi ne pas demander à l’Université de révolutionner cette nouvelle année, et, pour une fois, de tenir ses engagements ?

Les résolutions se placent en accord avec la volonté de se perfectionner, notion notamment développée par le philosophe Jean-Jacques Rousseau dans Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, publié en 1755. Elle est la manifestation du progrès chez l’Homme, et décrit la volonté de devenir quelqu’un de meilleur. Et parce que nous sommes le journal francophone de l’Université d’Ottawa (U d’O), nous avons quelques revendications à faire valoir, dans le seul et unique objectif d’aider cette institution à se perfectionner. 

Réactivité clé

Si la réactivité est le maître-mot en période de crise, l’Université se doit de faire des efforts conséquents dans ce domaine. La mise en place du système de nota­tion réus­site ou échec, qui a été annoncée une fois la période d’examens bien entamée en décembre, avait pourtant été revendiquée fin novembre dans une pétition ayant recueilli près de 5300 signatures. Le Syndi­cat étudiant de l’Uni­ver­sité d’Ot­tawa (SÉUO) avait ensuite publié une lettre ouverte afin de mettre en place des mesures à la lumière de la COVID-19 et des conséquences qu’elle a engendré.

Également, la manifestation organisée par uRacisme qui s’est tenue en décembre dans le pavillon Tabaret contre la créa­tion d’un nouveau Comité d’ac­tion anti­ra­cisme et inclu­sion s’est étalée sur plusieurs jours. Il aura fallu attendre plus de 100 heures pour que les manifestant.e.s du sit-in soient finalement entendus par l’Université, qui a tardé à réagir. Si Jean de La Fontaine disait que « rien ne sert de courir il faut partir à point », il faut tout de même partir à un moment. 

Écoute active

S’il faut attendre qu’une pétition recueille près de 5300 signatures, soit un huitième de la population étudiante avant d’agir, c’est que le problème est plus profond. Écouter et prendre en compte les demandes des étudiant.e.s et des différents syndicats aurait pu permettre à l’U d’O d’anticiper les besoins de chacun.e, surtout en cette période difficile.

Mais pour cela, il lui faudrait prêter une oreille attentive aux personnes qui l’entourent, et montrer l’intérêt que l’institution porte à l’égard des étudiant.e.s, mais aussi de ses employé.e.s, comme ceux de soutien qui se sont mis en grève en octobre dernier. Une écoute plus appliquée permettrait à l’U d’O de valoriser tous les groupes qui la composent. Mais ça, c’est uniquement dans le cas où elle est prête à s’investir activement, et à prendre en compte les revendications de tou.te.s. Et ce n’est pas demain la veille.

Communication fondamentale

Il parait que la communication est la base de toute relation. Si vous fréquentez l’U d’O depuis un moment déjà, vous savez que sa figure emblématique se terre dans son bureau, et n’en sort qu’à de rares occasions. Un peu à la façon d’un animal qui hiberne, le recteur et vice-chancelier Jacques Frémont ne prend la parole que pour aborder des thèmes souvent fâcheux. 

Mais bien trop souvent, le silence règne dans les hautes sphères uottaviennes, en témoigne l’absence de communication avec les représentants d’uRacisme qui ont manifesté dans le pavillon Tabaret en décembre, ou l’interminable attente d’un communiqué concernant l’inci­dent à carac­tère racial ayant eu lieu dans un cours de la Faculté des arts en octobre.

Toutefois, les relations avec les médias de l’U d’O ne sont pas mieux, et l’établissement n’hésite pas non plus à ignorer les courriels de celles et ceux qui ont le courage de s’aventurer dans leur boîte mail. Un peu dommage pour un journal qui tente, tant bien que mal, de tenir la communauté uottavienne informée, et qui s’est, bien trop de fois, fait promettre une « réponse d’ici deux à trois jours », et la mise en place d’une « meilleure collaboration ». 

Alors, comment communiquer avec l’Université efficacement ? C’est une question à laquelle nous ne pouvons, malheureusement, pas vous donner de réponse.

Inclusivité et représentativité 

Il est affligeant de constater qu’en 2020, le campus de l’U d’O s’est à nouveau illustré par des manifestations à caractère racistes. Pourquoi ne pas profiter de cette nouvelle année pour mettre en place des actions concrètes participant à la création d’un campus inclusif et non discriminatoire ? Terminée la création de multiples comités, l’heure est à l’action. 

Nous attentons beaucoup de ce Comité d’ac­tion anti­ra­cisme et inclu­sion, qui succède à celui baptisé Comité consul­ta­tif du recteur pour un campus antiraciste et inclu­sif, et qui avait été créé en juin 2019. De toute évidence, ce dernier n’avait pas porté ses fruits ; espérons que le nouveau sera, une fois n’est pas coutume, efficace.

Pandémie mentale

Avec le stress, la fatigue et l’iso­le­ment, la santé mentale s’est avérée être grandement affectée par cette pandémie, constituant un dommage collatéral non négligeable. Si l’U d’O présentait déjà de réelles lacunes avant 2020, notamment des délais longs de plusieurs mois avant de s’entretenir avec un spécialiste et des rendez-vous rapidement écourtés, qu’en est-il maintenant, après un an de confinement ?

La santé mentale de la population est plus que jamais fragilisée, et l’U d’O se doit de mettre en place des mesures concrètes. La semaine du mieux-être ne doit pas constituer un prétexte à cette inaction ; une charge de travail allégée, la mise en place de services d’aide proactifs, des accommodations spécifiques à chacun.e.s. constitueraient des pistes à étudier. 

Pour reprendre les mots de notre idole Frémont, « la santé mentale, ce n’est pas juste une semaine par an ». Alors à quand la mise en place d’un réel soutien à la population étudiante, alors que nous entrons dans la période la plus déprimante ?

Éducation en or

L’argent régit la société capitaliste, ce n’est un secret pour personne. La réussite repose bien trop souvent sur les critères monétaires établis par les générations précédentes. Et si les mentalités semblent changer, les frais de scolarité, quant à eux, demeurent.

Jules Mazarin disait que « l’homme est bête sans argent ». Cette citation justifie-t-elle le prix astronomique que les étudiant.e.s se retrouvent à payer alors que la prestation offerte depuis 2020 est sensiblement différente, et bien moins qualitative ? 

Francophonie délaissée

Si elle se vante d’être « la plus grande univer­sité bilingue (français-anglais) au monde », la réalité en est toute autre. Comment exister en tant que francophone dans un campus où plus de 70 % des étudiant.e.s. étaient, en 2018, anglophones, où certains programmes d’études ne permettent pas aux étudiant.e.s de complé­ter leur parcours intégralement en français, et où la majo­rité des cours aux cycles supé­rieurs ne sont pas du tout dispo­nibles en français ? 

Bien que la thématique pose problème au niveau canadien, l’U d’O se doit d’exploiter cette force, et de représenter correctement sa communauté. Et tout cela passe, encore une fois, par une question de bonne volonté. 

Des revendications, nous en avons bien d’autres. Cet éditorial ne changera sûrement rien. Ou peut-être que si. Comme le dit le proverbe, « l’espoir fait vivre ». Après tout, si nous croyons aux miracles de Noël, pourquoi ne pas croire en un miracle uOttavien ?

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