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Actualités

Vous vous sentez anxieux.se.s face aux nouvelles ? Vous n’êtes pas les seul.e.s…

Dawson Couture
17 mars 2022

Crédit visuel : Archives

Chronique rédigée par Dawson Couture – Journaliste

Pourquoi désirons-nous rester informé.e.s ? C’est une question que nous nous posons peu. Nous considérons le fait d’être informé.e comme un devoir de citoyen.ne, ou même quelque chose d’inné aux êtres humains. Mais qu’arrive-t-il quand les médias se mettent à devenir une source importante d’anxiété ?

Nous vivons en ce début d’année 2022 un moment particulièrement anxiogène dans notre histoire. La pandémie de la COVID-19, l’invasion de l’Ukraine, le convoi de la liberté ainsi que l’omniprésente crise climatique sont tous des sources importantes d’angoisse. Ces défis ne peuvent sans doute pas être ignorés, mais le degré auquel nous sommes exposés à ces informations anxiogènes peut être modéré.

En tant qu’individus dans un monde de plus en plus globalisé, il existe souvent une attente de la part de notre entourage à être informé.e.s sur les questions d’actualité. Il semble que nous sommes constamment à un doigt de distance d’une frappe nucléaire, d’un désastre naturel ou d’une attaque terroriste. Ainsi, s’informer devient non seulement un devoir ou un intérêt, mais une réponse naturelle à des dangers existentiels.

Les médias qui jouent le jeu

Les médias traditionnels jouissent aujourd’hui d’un pouvoir inégalé dans leur histoire. Ils sont la source primaire et souvent unique d’actualités, puisque les informations sont nombreuses, complexes et lointaines. Il n’y a aucun doute sur l’efficacité avec laquelle les médias réussissent à nous fournir ces nouvelles quotidiennement. Il faut par contre considérer qu’ils n’ont pas toujours nos intérêts à cœur.

Certains médias cherchent à attirer et à capter notre attention pour des objectifs qui vont au-delà de l’accès à l’information, incluant par exemple la quête du profit. Ce phénomène n’est pas nécessairement une bonne ou une mauvaise chose ; il faut tout simplement être conscient.e que ce qui nous est présenté n’est pas toujours aussi pertinent qu’ils le laissent entendre.

Il est aussi essentiel d’être attentif.ve à ses émotions lorsque l’on consomme des informations médiatiques. Les éléments d’un reportage ou même d’un article cherchent souvent à susciter une réaction émotionnelle. Nous n’avons pas à chercher loin pour des exemples. Quelques jours seulement après l’invasion de l’Ukraine, les médias canadiens discutaient déjà de la possibilité d’une attaque russe sur le territoire par l’Arctique. Il faut se demander si ce type de spéculations est utile à nos buts personnels et collectifs.

De plus, il est impossible de suivre l’abondance d’informations qui nous est transmise chaque jour. Les articles sont nombreux, tout comme les notifications « urgentes » de la part de nos applications d’actualités. Pendant les deux dernières années, le nombre de cas de la COVID-19 dans chaque province était présenté presque tous les jours comme une nouvelle de dernière heure.

Le cerveau qui ne s’éteint pas

Pour le meilleur ou pour le pire, les nouvelles médiatiques sont devenues véritablement omniprésentes dans nos vies. Le simple fait de côtoyer des applications comme Twitter, Instagram ou Facebook transforme la gestion de sa consommation d’informations en un exercice de plus en plus ardu. Il a d’ailleurs été démontré que l’augmentation du nombre de nouvelles est corrélée aux effets négatifs que ressentent les individus.

C’est surtout en ce qui a trait au contenu des informations défilées sur nos écrans que l’angoisse devient difficile à gérer. En tant que citoyen.ne.s informé.e.s, nous avons assumé la responsabilité de témoigner des situations véritablement traumatisantes sur nos dispositifs technologiques. Cela pourrait certainement être une nécessité ; après tout, ne devrions-nous pas œuvrer à connaître et ressentir les souffrances que les autres endurent jour après jour ? Il faut toutefois réellement considérer la modération de notre consommation d’actualités lorsque le poids de ces horreurs pèse fort sur notre esprit.

L’angoisse envers l’actualité, comme toute autre forme d’angoisse, trouve également ses racines dans le manque de contrôle que nous percevons avoir sur le monde. Face à une occupation de trois semaines du centre-ville de la capitale, par exemple, beaucoup d’entre nous ont été confronté.e.s à la réalité que nous n’avions aucun contrôle sur ce qui se passait autour de nous. Avec le monde entier accessible du bout des doigts, il en va de même pour les conflits outre-mer comme en Ukraine, en Syrie ou en Afghanistan.

La connaissance de soi qui ouvre des portes

Afin de déterminer concrètement le degré de pertinence d’une information, nous devons évaluer de manière franche et réaliste l’influence que nous pouvons avoir sur les situations qui nous sont présentées. Tout examen de ce type doit d’abord commencer par une évaluation de sa propre santé mentale. Nous pouvons ensuite choisir d’agir lorsque c’est possible (manifester, faire un don, etc.) et écarter, tout en y restant conscient.e, ce qui est à l’extérieur de notre portée.

Cette piste de solution vous est certainement déjà passée à l’esprit. Presque tout.e intervenant.e et expert.e sur l’anxiété et le stress de nos jours prône une forme de pleine conscience pour gérer l’angoisse de la vie.

Au cours de ce processus, vous pourrez également décider de reprendre contrôle sur votre apport médiatique. Cela peut se faire en sélectionnant quelques sources d’information crédibles avec lesquelles vous ne pouvez interagir que par une initiative personnelle. Vous pouvez choisir un moment précis de la journée, par exemple, pour vous instruire, et ainsi, routiniser votre interaction avec les médias.

Nous devrions néanmoins garder à l’esprit qu’il est malsain pour nous et notre planète de fuir l’actualité. Il y a des défis qui nécessitent que chacun.e confronte ses sentiments d’inconfort, avec modération, pour le bien de la collectivité.

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