Crédit visuel : Marie-Ève Duguay – Rédactrice en chef
Chronique rédigée par Eya Ben Nejm – Journaliste
L’Université d’Ottawa (U d’O) est née il y a près de 175 ans. Tout au long de son existence, l’institution a vécu différentes épreuves, changements et parfois polémiques, mais aussi plusieurs événements heureux. Ainsi, j’ai choisi de revenir sur les événements qui ont changé ces dernières années le visage de l’Université.
Depuis 175 ans, différentes personnes ont côtoyé l’Université. Celle-ci a été à la fois au centre de polémiques et de célébrations. Mon but n’est pas de faire un voyage dans le passé pour raviver la flamme. Au contraire, mon objectif est de montrer l’influence de ces événements dans l’évolution de l’institution. Le campus propose divers services et des programmes qui nous permettent de participer à la vie étudiante. Chacun.e de nous est capable de trouver sa niche.
Néanmoins, si les infrastructures et les services sont abordables, le montant des frais de scolarité est effrayant. Avec l’inflation, le retrait de la bourse au mérite, la diminution de la bourse d’exonération partielle, la vie étudiante devient de plus en plus anxiogène. Chaque année, une nouvelle mesure est prise dans l’intérêt de l’institution, au détriment de celui des étudiant.e.s. Malgré cela, l’U d’O est aussi pour moi le lieu où j’ai vécu divers beaux moments ainsi que plusieurs événements qui ont eu un impact sur mon expérience étudiante.
La Coupe du monde à l’Université d’Ottawa
Du 20 novembre au 18 décembre a eu lieu la coupe du monde au Qatar. Si cet événement a beaucoup fait parler, la Maison Internationale a tout de même décidé de diffuser les matchs. À force de prendre de l’ampleur, les diffusions se sont produites dans d’autres espaces, comme les amphithéâtres. L’intensité était si grande que Radio-Canada s’est déplacée pour enraciner le moment.
J’ai fait partie, avec plusieurs autres étudiant.e.s, de celles et ceux qui se rendaient à l’Université à des heures matinales pour supporter leur pays lors des matchs. Ce fut lors de cette Coupe du monde la seconde participation du Canada. Une excitation patriotique était présente pour soutenir l’équipe nationale. La communauté internationale de l’U d’O, elle aussi, a affiché ses nombreuses identités. La diffusion de la Coupe du monde m’a aussi permis de découvrir d’autres cultures. Des étudiant.e.s se promenaient fièrement avec des maillots à l’effigie de leur pays d’origine ou par soutien. Durant ce mois, j’ai fait la connaissance de différentes personnes, qui sont devenues aujourd’hui des ami.e.s. Depuis le début de la pandémie, il n’y avait pas eu d’événement social de cette ampleur pour échanger avec les autres.
Et si l’on parlait des scandales ?
Durant ces années, l’U d’O n’a pas échappé à sa part de scandales. Je pense instinctivement à l’affaire de la liberté académique. Cet incident a provoqué une avalanche internationale sur la question des limites de cette forme de liberté. Pour rappel, durant un cours sur la « terminologie utilisée entre divers groupes culturels » en 2020, une professeure a mentionné le « mot en n ». Pour pallier ce problème, l’institution a suspendu la principale concernée. Si certain.e.s ont salué cette décision, d’autres l’ont vu comme une entrave à la liberté académique.
Depuis, l’U d’O a mis en place un comité spécialisé sur le sujet. Sous le climat des débats au sujet de la lutte contre le racisme systémique dans la sphère publique, l’Université a décidé de mettre en place différents comités et des rencontres avec le doyen pour combattre le racisme dans l’espace académique. Ainsi, l’Université promet des engagements pour rendre l’expérience étudiante plus agréable et inclusive.
Je ne peux revenir sur les scandales sans mentionner la grande polémique autour de l’ancienne Fédération étudiante de l’U d’O (FÉUO), dont les activités frauduleuses ont mené à son démantèlement. Je n’étais pas encore étudiante au moment des faits, mais la polémique était importante, au point de continuer à choquer de nombreux.ses étudiant.e.s aujourd’hui. La fin de la FÉUO a apporté des changements sans précédent dans la politique universitaire, avec la naissance du Syndicat étudiant de l’U d’O. On peut dire que cette polémique a véritablement changé le visage de la politique étudiante uottavienne.
Une invitation surprenante
L’Université met en place des conférences et des panels pour créer la discussion autour des problématiques sociétales actuelles. Pour ma part, j’ai assisté à quelques-unes, dont la conférence sur la question des violences sexuelles en période de conflit. Pour mener la conversation, la secrétaire générale adjointe des Nations Unies et spécialiste sur le sujet, Pramila Patten, était l’invitée. La seconde conférence à laquelle j’ai participé était sur la situation des femmes iraniennes.
Ces conférences sont des occasions pour les étudiant.e.s de prendre conscience de sujets qui ne sont pas réellement discutés. J’étais à la fois intimidée par la grandeur et la présence de personnalités importantes. Au fur et à mesure de la soirée, j’ai pu échanger avec les invité.e.s. J’ai appris sur l’histoire et la réalité des événements en dehors du cadre d’un cours magistral, où souvent, la seule chose qui importe est la note finale.
Quel bilan ?
Il y a encore une cascade d’événements, mais je ne pourrai pas tout citer. En ce qui concerne le bilan francophone, l’U d’O est dans la voie de la progression. La dernière mise à jour du règlement intérieur appelle à être bilingue pour pouvoir travailler dans l’administration. Le changement renforce la position du français au sein des services académiques. Si la décision est tardive, il n’est jamais trop tard pour changer. Dans l’espoir que l’institution tiendra sa parole en respectant la directive.
Finalement, j’espère que l’Université continuera à s’appliquer sur l’inclusivité et la protection du bilinguisme. L’institution est au centre de la capitale du pays. Les valeurs qu’elle partage sont importantes. Néanmoins, j’espère que l’U d’O travaillera à rendre l’espace accessible à tout.e.s d’un point de vue financier. Le savoir ne se cache pas derrière une mine de comptes bancaires, mais bien dans les compétences intellectuelles de la personne.