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Entrevue avec le provost et vice-recteur aux affaires académiques par intérim, Jacques Beauvais

Nisrine Nail
5 mars 2024

Crédit visuel : Courtoisie

Entrevue réalisée par Nisrine Nail — Cheffe du pupitre Actualités

À la suite du départ de Jill Scott, ancienne provost et vice-rectrice aux affaires académiques de l’Université d’Ottawa (U d’O) en janvier dernier, le doyen de la Faculté de génie Jacques Beauvais a été nommé au poste. La Rotonde s’est entretenue avec lui afin de connaître sa vision sur sa nouvelle position, les dossiers sur lesquels il travaille et les enjeux auxquels l’U d’O fait face.

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous revenir sur le processus de nomination ? Quelle a été votre réaction quand vous avez été nommé ?

Jacques Beauvais (JB) : Le processus est relativement léger. Essentiellement, le recteur avait consulté différentes personnes et j’ai été approché pour voir si j’étais prêt à relever le défi. J’ai un sentiment disproportionné de loyauté, alors c’était difficile pour moi de refuser. Dans un futur proche, il va y avoir un processus complet afin de trouver la.le prochain.e provost et vice-recteur.rice aux affaires académiques.

Ça faisait six ans et demi que j’étais doyen à la Faculté de génie. Je suis membre du comité permanent du budget depuis deux ans et demi. J’ai une bonne idée des défis de l’Université au niveau des finances, du recrutement, des étudiant.e.s internationaux.ales, des impacts et des évènements géopolitiques. J’étais responsable d’une faculté très « internationale ». Par exemple, il y a énormément d’étudiant.e.s à la Faculté de génie dont le pays d’origine est l’Inde. Des échanges entre le Canada et l’Inde ont eu lieu en automne, donc ce n’est pas étonnant de voir la baisse de demande d’admission à la maîtrise que l’on constate aujourd’hui. J’anticipe les choses et je le fais avec un sentiment de responsabilité, mais aussi avec un certain niveau de stress.

LR : Comment est-ce que vos expériences, notamment en tant que doyen à la Faculté de génie et ultérieurement vice-recteur à la recherche à l’Université de Sherbrooke, ont-elles forgé votre vision pour cette position ?

JB : Quand je suis passé de vice-recteur à doyen, c’était un peu étrange. Habituellement, les personnes qui ont été vice-recteur.rice pendant presque 10 ans ne cherchent pas à être des doyen.ne.s. J’ai pris un parcours inverse, car je m’ennuyais des étudiant.e.s et des professeur.e.s. Quand l’U d’O cherchait un doyen en génie, j’ai pris cette chance. J’ai été très impliqué dans tous les aspects : le volet académique, le développement des programmes, le soutien des professeur.e.s et des étudiant.e.s. Cela a ajouté de nouvelles dimensions à mon expérience. C’est ce qui fait en sorte que je ne me sens pas dépaysé dans cette position. Les enjeux de la Faculté de génie ne sont pas toujours similaires à ceux du reste du campus, mais je découvre et redécouvre l’Université à travers mes portfolios, ce qui est très intéressant.

LR : Dans les dossiers sur lesquels vous travaillez, quels sont les enjeux les plus pressants, selon vous ?

JB : En ce moment, on passe beaucoup de temps à travailler sur le budget. La situation financière est préoccupante. On a beaucoup d’incertitudes en ce qui concerne le plafonnement des étudiant.e.s internationaux.ales et du processus d’admission. On connaît les chiffres au niveau national, on devine certains chiffres au niveau provincial, mais ça change de semaine en semaine. On ne sait pas combien d’étudiant.e.s seront accueilli.e.s, quelle sera l’allocation à l’U d’O, quel sera le nombre de lettres d’attestation qu’on devra produire pour qu’ils.elles puissent faire leur demande de visa. La date limite qu’avait donnée le gouvernement fédéral est le 31 mars, donc c’est très peu de temps. C’est complexe, mais nous ne sommes pas passifs. Des gens travaillent depuis le 22 janvier pour comprendre, pour analyser et pour se préparer à la situation.

Il y a encore des décisions à prendre, mais il reste des inquiétudes. Le gouvernement de l’Ontario a annoncé du financement, cependant il n’est pas à la hauteur des besoins des universités ontariennes.

LR : Une crainte s’est manifestée au sujet des budgets, il s’agit de celle qui anticiperait des coupes en ce qui concerne la francophonie et le bilinguisme sur le campus. Quelles sont vos pensées à ce sujet ?

JB : Il n’a jamais été question de faire des coupes budgétaires au niveau de la francophonie. À l’U d’O, on calcule combien ça coûte d’offrir de l’enseignement et la formation dans les deux langues. C’est plus coûteux que de les offrir dans une seule langue. Il existe un financement, venant du gouvernement de l’Ontario, qui vise à soutenir l’ajout de la formation en français. Le problème, c’est que le financement est en dessous de ce que ça coûte réellement. Le message qui a été lancé, c’est qu’il manque 50 millions, mais ce ne sont pas des coupes, c’est de l’argent qu’on dépense. Toutefois, ça met une pression additionnelle sur l’ensemble du fonctionnement de l’établissement. 80 % de tous les effectifs des programmes universitaires à l’U d’O sont en français, mais le gouvernement provincial ne nous appuie pas. Chaque année, on essaie d’augmenter l’offre de cours pour essayer d’en faire un peu plus. L’effectif étudiant est en croissance. C’est pourquoi on a besoin de plus de financement pour nous soutenir.

LR : Il a été exprimé par divers groupes du campus qu’il semble avoir une distance entre l’administration centrale et le reste de l’U d’O. Quels sont vos commentaires ?

JB : De mon côté, je ne suis pas très distant. Je suis encore en interaction constante avec mes ancien.ne.s collègues et doyen.ne.s. On est tout le temps en train de discuter de ce qui se passe. J’ai rencontré diverses personnes dans leur laboratoire ou dans leur département. Je suis exactement la même personne que j’étais il y a sept semaines. Pour moi, les échanges avec les étudiant.e.s, les professeur.e.s et les membres du personnel sur le terrain, c’est important. Si vous êtes convaincu.e que je peux faire quelque chose, je vais essayer et faire de mon mieux.

LR : Souhaitez-vous rester dans le poste de vice-recteur aux affaires académiques après votre période d’intérim ?

JB : Je n’ai pas encore réfléchi à ça. Je ne sais pas quand le recteur va faire l’annonce. Quand j’ai accepté de venir ici, le mandat que j’ai reçu n’était pas simplement de donner un coup de main, mais de piloter l’ensemble des activités. Les dossiers sont énormes, il y a tellement de conversations et tout le monde se tourne vers moi. On est dans une période où les enjeux sont critiques et immédiats. Je n’ai pas eu le temps de m’approprier tous les dossiers, bien que je sois très proactif. C’est un environnement très différent en raison des défis, qui diffèrent de ceux de la Faculté [de génie] ou même de l’Université de Sherbrooke, mais ils sont tous de nature stratégiques. C’est un grand mandat.

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