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Photo du président sortant de la SEUO, Tim Gulliver, devant Tabaret
Actualités

Entrevue avec Tim Gulliver, président sortant du SÉUO

Camille Cottais
18 avril 2022

Crédit visuel : Lucas Grier-Beauregard – Courtoisie

Entrevue réalisée par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités

Le mandat de Tim Gulliver en tant que président du Syndicat étudiant de l’Université d’Ottawa (SÉUO) s’achèvera le 1er mai. La Rotonde s’est entretenue avec lui pour revenir sur les actions entreprises cette année. Le programme de bourses du SÉUO, les accommodements académiques, la francophonie et l’augmentation possible des frais de scolarité sont parmi les sujets qui ont été discutés.

La Rotonde (LR) : Pouvez-vous commencer par vous présenter ?

Tim Gulliver (TG) : Je m’appelle Tim Gulliver, je suis le président sortant du SÉUO. Je suis étudiant en quatrième année de sciences politiques, je rentre en cinquième et dernière année l’an prochain. J’ai vécu à Sherbrooke au Québec et je suis originaire de la Corée du Sud.

LR : Quels sont les accomplissements du Syndicat dont vous êtes le plus fier ?

TG : J’en nommerai trois. D’abord, je suis très fier de la campagne menée en mai 2021 pour convaincre l’Université d’Ottawa (U d’O), avec la signature de 2000 étudiant.e.s, de changer d’avis quant à leur proposition d’augmenter les frais de scolarité.

Je suis aussi fier d’avoir travaillé avec beaucoup de groupes d’étudiant.e.s pour convaincre l’U d’O de se désinvestir des combustibles fossiles. Je pense qu’il était temps qu’aucun sou étudiant ne soit investi dans une industrie qui contribue à la destruction de notre planète.

Troisièmement, il y a eu beaucoup de bon travail fait sur l’équité par les commissaires comme Sana [Almansour, Commissaire à l’équité sortante] pour mettre en place des produits menstruels gratuits dans les salles de bains du campus ou Lia [Bosquet, Commissaire aux affaires francophones sortante] pour améliorer la connaissances des droits linguistiques francophones sur le campus.

LR : Pensez-vous que l’Université va réessayer d’augmenter les frais de scolarité ?

TG : Le gouvernement ontarien a annoncé que les universités pouvaient augmenter les frais de scolarité pour les étudiant.e.s hors Ontario. L’Université de Toronto a procédé à une augmentation d’à peu près 3 %, donc nous sommes inquiet.e.s que l’Université va encore une fois augmenter les frais de scolarité pour les étudiant.e.s les plus vulnérables, pendant une période où le coût de la vie a énormément augmenté.

L’éducation post-secondaire en Ontario est devenu trop dispendieuse. L’université fonctionne comme un business au lieu d’un service public. J’espère en juin voir un nouveau gouvernement provincial qui aura à coeur les intérêts des étudiant.e.s, ce qui n’a pas du tout été le cas du gouvernement Ford.

LR : Le SÉUO essaie d’obtenir un remboursement partiel du U-Pass pour les étudiant.e.s affecté.e.s par le convoi de la liberté. Le conseiller Fleury a déposé une motion à ce propos au conseil municipal. Le remboursement aura-t-il lieu ?

TG : La motion que le conseiller Fleury a présenté ne reflétait pas nos intérêts. Il a proposé de rendre gratuit le transport en commun pour le mois de mai pour les étudiant.e.s, mais nous voulions un remboursement pour février. Nous savons que beaucoup d’étudiant.e.s ne sont pas sur le campus en mai, ne pouvant ainsi pas bénéficier de ce mois gratuit. Les conversations que nous avons eues avec M. Fleury n’ont pas été productives, nous voulons toujours le remboursement et nous espérons l’avoir.

LR : Récemment, le Syndicat a mis en place un programme de bourses pour les étudiant.e.s. D’où est venu ce projet et à qui s’adressent ces bourses ?

TG : Nous avons toujours voulu redonner une partie de l’argent que nous recevons aux étudiant.e.s, surtout celles et ceux qui en ont le plus besoin. À l’été 2020, nous avons créé une bourse d’urgence pour la COVID, s’adressant surtout aux étudiant.e.s internationaux.ales non éligibles aux aides gouvernementales. Ce nouveau programme en a été la continuation.

Nous avons mis en place un fonds d’urgence pour les étudiant.e.s ayant eu des dépenses additionnelles à cause du convoi. Il y a aussi une bourse pour les projets combattant l’antiracisme, pour le bien-être, pour les fournitures scolaires, ou encore pour les étudiant.e.s qui n’ont plus d’argent dans leur assurance-santé pour payer les services de santé mentale.

LR : Le Syndicat travaille sur un projet pour réviser la politique de l’Université concernant les accommodements académiques. Pouvez-vous expliquer de quoi il s’agit ?

TG : Il y a deux sous-projets. D’abord, Sana travaille sur le changement du academic reset (réinitialisation académique), qui permet aux étudiant.e.s de reprendre des cours qu’ils.elles ont échoué lors de la première ou deuxième année sans que cela soit noté sur leur relevé de notes. Ce programme est restrictif puisque seulement quelques cours au début de la première année sont éligibles. On espère déposer une motion à la prochaine réunion du Sénat qui permettra à plus de cours de l’être.

Deuxièmement, nous demandons à l’U d’O d’enlever les notes médicales. On ne pense pas que les étudiant.e.s qui doivent manquer un cours parce qu’ils.elles se sentent mal devraient aller à la clinique pour prendre une note d’un.e docteur.e. Ce système ne convient ni aux étudiant.e.s, ni aux professeur.e.s, ni aux médecin.e.s.

Les Universités Queen’s et Western ont déjà un système où les étudiant.e.s. complètent un formulaire en ligne, dans lequel ils.elles déclarent avoir besoin de temps pour se remettre d’une situation difficile. Cela peut leur permettre de reprendre un examen ou un travail plus tard, sans que le.la professeur.e s’y oppose.

LR : Comment avez-vous essayé de faire la promotion de la francophonie et du bilinguisme pendant votre mandat, que ce soit au sein de l’Université ou du SÉUO ?

TG : Tous les exécutifs du Syndicat sont bilingues, ils.elles passent un test de bilinguisme. Malheureusement, tou.te.s nos directeur.ice.s ne sont pas bilingues. C’est un phénomène qui se répète partout à l’U d’O, puisque tou.te.s les francophones comprennent l’anglais mais pas l’inverse. Pour contrer cela, nous avons mis en place une interprétation en directe lors de la dernière Assemblée générale. De plus, la grande majorité de nos employé.e.s qui interagissent avec le public sont bilingues, c’est une priorité pour nous.

Quant à la francophonie au sein de l’Université, l’accomplissement qui ressort est la motion de Lia, adoptée par le Sénat, pour assurer que les étudiant.e.s francophones sachent qu’ils.elles peuvent soumettre leur travaux en français.

LR : L’U d’O a été marquée par de nombreux débats sur l’antiracisme et la liberté académique depuis le renvoi de la professeure Lieutenant-Duval. Il y a eu le rapport Bastarache et récemment la publication du livre Libertés malmenées. Que pensez-vous de tout cela ?

TG : Je pense que la priorité devrait être d’assurer une place sécuritaire et inclusive pour les étudiant.e.s noir.e.s, autochtones et racisé.e.s sur le campus. Tout ce débat a été lancé par rapport à si une professeure devrait utiliser un mot offusquant. La communauté étudiante noire a été claire : nous ne voulons pas que les professeur.e.s utilisent ce mot. Cela a généré un an de débats, de controverses et même d’interventions du premier ministre du Québec : la réaction est allé un peu trop loin.

Il est temps de recadrer le débat sur l’enjeu principal et d’écouter les étudiant.e.s les plus affecté.e.s, car ce sont elles.eux qui paient pour étudier, les professeur.e.s sont rémunéré.e.s. Si l’Université est un business, ce sont nous les client.e.s, donc nous devrions avoir raison. J’espère que le président Frémont va écouter les étudiant.e.s et non certain.e.s professeur.e.s mécontent.e.s.

LR : Quelle est la suite pour vous ? Que comptez-vous faire maintenant que vous avez davantage de temps libre ?

TG : D’abord du repos, j’aimerais lire beaucoup de livres pour redécouvrir mon amour de la lecture. J’aimerais aussi trouver un emploi dans la politique et, après mon bac en sciences politiques, étudier en droit, pour pouvoir utiliser mon amour des mots et du texte pour défendre les personnes ayant besoin d’aide. 

La justice sociale est un sujet qui me touche beaucoup. Nous vivons dans un monde corrompu, dans un système économique qui permet aux riches de toujours plus s’enrichir. Il faut combattre les inégalités financières et sociales, et j’aimerais consacrer ma vie à cela.

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