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Arts et culture

La musique comme régulateur émotionnel : entrevue avec Erin Parkes

Hai Huong Le Vu
27 mars 2024

Crédit visuel : Erin Parkes — Courtoisie

Entrevue réalisée par Hai Huong Le Vu — Journaliste

Erin Parkes est chercheuse principale à l’Institut de recherche sur la musique et la santé de l’Université d’Ottawa (U d’O). Elle enseigne l’éducation musicale spécialisée à l’U d’O. La Rotonde s’est entretenue avec elle afin d’en apprendre davantage sur le lien entre la musique et la santé mentale.

La Rotonde (LR) : Diriez-vous qu’il existe une relation entre la musique et la santé mentale ?

Erin Parkes (EP) : Tout à fait ! De nombreuses recherches démontrent un lien entre la musique et des effets positifs sur la santé mentale. Celles-ci indiquent qu’écouter ou jouer de la musique peut réduire les symptômes d’anxiété et de dépression, améliorer le bien-être social et la qualité de vie.

LR : Comment la musique peut-elle améliorer le bien-être des gens ? Pourrait-on même dire qu’elle peut les soigner ?

EP : Je n’ai pas vu d’indication que celle-ci puisse guérir les personnes qui luttent contre une maladie mentale, bien qu’elle puisse en atténuer les symptômes. On constate que la musique améliore notre bien-être lorsqu’elle est utilisée à des fins de régulation émotionnelle. Par exemple, on écoute des airs entraînants lorsque l’on se sent déprimé.e, ou des pièces apaisantes lorsque l’on se sent agité.e.

L’écoute passive de la musique s’avère moins efficace que la pratique d’écoute active. Cette dernière peut entraîner la libération de neurotransmetteurs tels que la dopamine, la sérotonine et l’ocytocine, qui peuvent avoir un effet positif sur l’humeur et favoriser la relaxation. Elle peut également réduire le cortisol, soit « l’hormone du stress », et donc diminuer le stress lui-même.

Il existe également des indications spécifiques concernant son utilisation pour soulager le stress. Par exemple, écouter de la musique à 60 battements par minute peut aider le cerveau à se synchroniser avec le rythme, stimulant ainsi les ondes cérébrales alpha qui sont associées à la relaxation.

LR : La musique peut-elle avoir des méfaits sur l’esprit ?

EP : Oui. Si elle peut améliorer notre bien-être lorsque nous l’écoutons pour réguler nos émotions, elle peut avoir un impact négatif sur lui et sur notre humeur lorsque nous l’écoutons pour nous décharger de nos émotions, ou encore pour nous enfoncer plus profondément dans notre état émotionnel. Écouter de la musique triste lorsque nous nous sentons tristes en est un exemple. Lorsqu’elle est utilisée de cette manière, celle-ci peut entraîner une augmentation des émotions négatives.

LR : La musique peut-elle améliorer le niveau de concentration des étudiant.e.s ?

EP : Les résultats à ce sujet sont mitigés. La plupart des études indiquent que le type de musique est important — par exemple, une chanson stimulante augmente la concentration, tandis qu’une mélodie apaisante la réduit. Par contre, certaines études indiquent également que différents types de musique peuvent avoir des effets variés d’une personne à l’autre. Certains individus se concentrent mieux sans musique de fond. Le meilleur conseil que je puisse donner à ce sujet est d’explorer différentes options pour vous-même et de faire ce qui vous convient.

LR : Existe-t-il une limite de temps saine pour écouter de la musique ?

EP : Je n’ai rien vu qui indique une limite de temps, mais il existe des lignes directrices pour une écoute qui apporte un bénéfice thérapeutique. J’ai constaté qu’une écoute quotidienne minimale de dix à 20 minutes avait des effets thérapeutiques et que la durée d’écoute optimale était d’environ 60 minutes.

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